L’éducation intégrale au collège Saint-Fort

L’éducation intégrale est d’abord et positivement la prise en compte dans l’éducation de tout l’être, de l’intégralité des dimensions de chaque personne humaine. L’éducation intégrale c’est, négativement, le refus de ce qui exclut le champ de la transcendance, de l’âme et de la spiritualité dans l’éducation et le rejette au mieux à ses marges, sinon à la famille quand ce n’est pas hors les murs de la cité, comme si sa considération était au mieux anecdotique ou optionnelle…alors qu’elle est centrale, au cœur, qui justement manque vite quand on l’écarte. L’éducation intégrale cherche à intégrer les conséquences de la réalité de l’âme et des principes fondamentaux et moraux (la loi naturelle, les Dix commandements, le bien et le mal, la conscience et donc la liberté véritable qui en découle avec la responsabilité), de la vie surnaturelle (vie de la grâce, communion des saints, vie unitive avec Dieu Un et Trine), tout en distinguant bien les dimensions humaines, intellectuelles, physiques et spirituelles justement. Tout cela est à la fois distinct et uni en chaque être humain. C’est parce que notre être est fondamentalement, ontologiquement, l’union de l’âme et du corps (éducation et anthropologie sont liées) qu’on ne peut écarter dans l’éducation le champ de l’âme.
Beaucoup de lectures en parlent. M. François-Xavier Clément (son livre, son organisme de formation dédié), Aline Lizotte, mais on pourrait relire bien avant eux St Augustin et Aristote. Mais on peut recommander très chaudement Edith Stein, Ste Thérèse Bénédicte de la Croix, tout particulièrement dans les ouvrages d’exposition de sa pensée d’Eric de Rus.
L’éducation intégrale, forte de cette intégration des conséquences de l’existence de l’âme, c’est aussi la conjugaison des différentes dimensions humaines de la personne, au-delà de l’intellect pris isolément : le corps justement, le cœur, la sensibilité, l’ensemble des sens. Cette éducation fait logiquement la part belle aux sciences et aux humanités, (en incluant les langues anciennes), mais aussi à la musique, aux arts plastiques, au sport. L’intelligence elle-même est considérée et donc «adressée», « convoquée» dans la pédagogie dans sa vraie noblesse, au-delà du par-cœur ou du simple respect de la méthode (qui devient souvent l’alpha et l’omega des corrections des examens): faire comprendre en profondeur, apprendre à s’émerveiller et ainsi permettre l’éclosion chez les élèves d’une véritable pensée personnelle, condition préalable indispensable à l’émancipation ultérieure et progressive vers l’âge adulte et responsable.

Cette éducation intégrale peut également et de ce fait s’entendre comme concernant la vie de l’enfant dans son intégralité: comme élève, mais aussi, comme membre de son club de sport, de sa paroisse, de sa famille, de la société (l’enfant comme citoyen de la cité). C’est également pour beaucoup l’ajout des savoir-être aux savoir-faire, des «soft skills» aux «hard skills».

Une fois présentée en termes rapides l’éducation intégrale, comment le collège tente-t-il de la mettre en œuvre ?

Tout d’abord par la formation de l’équipe, depuis plusieurs années. En ce moment, le partenariat s’inscrit dans la durée avec Alte Academia.

De façon plus primordiale, c’est bien la vie intérieure de chacun, la vie spirituelle, sans cesse approfondie et convertie, selon les chemins propres à chacun, qui irrigue la démarche globale d’éducation intégrale. Et en cela, la liberté des établissements indépendants est un atout pour «libérer» en quelque sorte les énergies.

Ensuite, l’éducation intégrale se développe par une politique concrète, initiée depuis la fondation du collège, en proposant une diversité de matières qui développent à leur manière les différentes dimensions évoquées plus haut: en plus des sciences et des humanités, il y a bien sûr des cours de musique (chant), d’arts plastiques et de sport mais aussi pour les élèves de 4e et 3e des cours de culture chrétienne et de rhétorique et uniquement pour les 3e, des cultures d’initiation à la littérature et à la pensée chrétienne à partir de l’étude de textes des plus grands auteurs de notre civilisation. Avec l’ensemble des ces matières, on retrouve les antiques trivium et quadrivium (moins l’astronomie ! quoique la SVT l’aborde), une belle plénitude, sans prétendre à l’exhaustivité.

C’est également la possibilité de vivre au collège une vie intérieure dans la continuité de la vie familiale. La messe hebdomadaire, la visite libre de la chapelle, le chapelet, la prière personnelle intérieure, le regard adressé à la belle statue du Sacré-Cœur en jouant à la récréation, sont autant de grandes et de petites occasions de vivre en communion avec Dieu et avec les autres, de vivre unifié en profondeur. L’aumônerie présente chaque jour joue un rôle déterminant.

Depuis cette année, et en fait depuis le mois de janvier précisément, le collège met en place l’éducation aux vertus, qui précisément touche les dimensions humaines et spirituelles, le naturel et le surnaturel. Les vertus sont des bonnes habitudes acquises qui deviennent de plus en plus spontanées à mesure qu’on les met en pratique. Le soin dans les petites choses, le pardon des petites offenses, la politesse, sont autant de vertus qui font grandir, favorisent l’épanouissement individuel et la vie en communauté tout simplement. Elles débordent sur la vie quotidienne de l’enfant, où qu’il se trouve. On est donc bien au cœur de l’éducation intégrale avec cette belle démarche qui sera un fil rouge de l’année. Tous y contribuent, avec ce qu’il est: l’éducateur, le professeur et l’aumônier et cela rejaillit sur l’ensemble de la communauté scolaire, adultes inclus.

L’éducation intégrale est en cela un vrai chemin de conversion et d’humanisation, exigeant mais porteur de joie. Nos quatre mots de l’année – Joie – Piété – Effort – Camaraderie en sont des fruits importants.